Gloria Victoria de Theodore Ushev
© Theodore Ushev / ONF - Tous droits réservés
Quelques courts métrages de Theodore Ushev (cinéaste bulgare hébergé à l'ONF du Canada) ont fait l'objet de performances live à l'occasion de la clôture du festival Animator de Poznan (Pologne) le 19 juillet dernier. Parmi eux, Gloria Victoria, encore inédit en France, troisième volet sublimement cauchemardesque d'une trilogie consacrée à l'histoire apocalyptique du XXe siècle.
Outre le caractère événementiel que constituèrent ces projections accompagnées par un orchestre symphonique, fait rarissime dans les festivals occidentaux où la potacherie et le culte du blockbuster prédominent, voilà une belle occasion de mentionner ici l'œuvre singulière d'une figure majeure du cinéma d'animation contemporain.
Et notamment, son chef d'œuvre Les journaux de Lipsett, une "interprétation libre" littéralement hallucinante - et déroutante, soyons francs - présentant simultanément le travail et l'esprit déviant du cinéaste canadien Arthur Lipsett, fer de lance de "l'école expérimentale" de l'Office National du Film du Canada fécondée et nourrie par Norman McLaren en personne.
Ce film d'une quinzaine de minutes (diffusé sur Arte l'année dernière et quasiment inconnu sur le circuit de distribution, y compris dans la programmation des festivals spécialisés, français), s'inscrit dans la démarche d’auto-valorisation patrimoniale de l'ONF, dont le Ryan de Chris Landreth (dédié à la vie et l'œuvre d'un autre génie déchu du cinéma canadien Ryan Larkin) fut le prédécesseur célèbre.
Ushev est sans doute l'un des nouveaux défricheurs du cinéma qui explore les confluences entre animation et vues réelles, au-delà de l'hybridation technologique, laquelle ne semble dévouée qu'au photo-réalisme ou au spectacle familial, pour ouvrir et découvrir de nouveaux territoires jusqu'ici inconnus, voire inimaginables. A suivre de très près.
> un extrait frustrant de Gloria Victoria en live
> Quelques films d'Ushev sur le site de l'ONF